Ils reviendront, ces dieux que tu pleures toujours !
Le temps va ramener l’ordre des anciens jours ;
La terre a tressailli d’un souffle prophétique…
Gérard de Nerval – Delfica
Notre démarche est très claire : nous ne prétendons pas donner LA version « originelle », « parfaite », ou authentique d’un quelconque mythe ou symbole. Nous avons recréé un Panthéon en nous basant à la fois sur les études indo-européennes, mythographiques et sur les différentes productions littéraires européennes ; mais aussi sur notre pratique religieuse personnelle. Par notre volonté de synthétisation des traditions multiples nous cherchons à revenir, si ce n’est à leur origine, du moins à quelque chose qui nous semble simple et compréhensible pour nos contemporains.
Aucune démarche religieuse ne peut se passer d’imaginaire et de merveilleux, d’art et de poésie.
Un peuple fonde une culture quand il devient cause de lui-même – qu’il trouve en lui-même seulement la source d’une perpétuelle nouveauté. De même l’homme : trouver en soi-même les causes de soi et les moyens d’un dépassement de soi.
Alain de Benoist – Les idées à l’endroit

Il convient ici de dire que nous poussons nos membres à lire les mythes de tous les peuples indo-européens dans leur contexte et pour ce qu’ils sont ; notre démarche mythologique n’a pas pour but de dénigrer ou remplacer les anciens mythes ni d’en donner « la vraie version originelle » : les mythes ont toujours eu de multiples variantes, puisqu’ils étaient originellement de forme purement orale et que chaque poète et penseur orientait le récit en fonction de l’enseignement qu’il cherchait à donner. Nous cherchons, par notre démarche, à dépasser le reconstructivisme et le syncrétisme. Les Mythes évoluent avec le temps ; chercher à trouver une version unique, originale et universelle est un non sens. Il n’est pas non plus question de constituer un corpus sacré intouchable, ou de mettre par écrit une parole révélée dont l’interprétation demande une maestria de techniques de numérologie ou de masturbation intellectuelle. Il s’agit simplement de donner une vision synthétique, renouvelée et parlante à nos contemporains.
Nos Hiérophules, si leur talent le leur permet, peuvent parfaitement produire une version alternative de ces mythes. Chaque école, et chaque individu, peut produire ses interprétations des mythes ; quoi qu’il en soit, nous ne prenons jamais ceux-ci au premier degré. Il ne s’agit pas de récits réels, et ils ne constituent pas une cosmogonie scientifique. On peut porter sur ceux-ci une interprétation psychologique, philosophique, métaphysique, morale, symbolique etc. en se gardant de tordre le réel pour le faire coïncider à des récits qu’on prendrait pour ce qu’ils ne sont pas, à savoir des dogmes ou révélations intouchables.
Nous reconnaissons dix divinités principales. Cette Décade représente les archétypes principaux retrouvés dans la plupart des peuples Indo-Européens ; ensuite il existe de nombreuses divinités mineures (certaines étant locales par exemple), qui revêtent des fonctions inférieures.
Si nous allons dans le sens du consensus des chercheurs dans le domaine des études Indo-Européennes la plupart du temps, nous nous rattachons parfois à des théories plus minoritaires. Il ne s’agit pas, encore une fois, de dire qui a raison ou tort, puisque notre sujet n’est pas de retrouver « la » mythologie de nos ancêtres, mais de constituer un ensemble cohérent et permettant une mystique praticable.
Notre démarche s’appuie sur trois principes :
- L’authenticité : nous n’inventons pas des dieux à partir de rien, mais nous nous basons à la fois sur les études universitaires, la culture européenne, et notre pratique mystique.
- La syzygie : chaque divinité a une parèdre ou contrepartie de l’autre sexe qui représente le principe opposé, ce qu’on retrouve dans de nombreux panthéons.
- La simplicité : nous avons retiré les doublons pour obtenir un faible nombre de divinités principales avec une structure simple et claire.

Prenons l’exemple de Diwī́ : nous suivons l’avis d’Haudry (notamment dans Les Indo-Européens) qui voit dans cette déesse le prototype du Dieu *Dyḗus ph₂tḗr majoritairement reconnu chez les chercheurs. Etant déesse de l’astre solaire (et une des déesses les plus anciennes au sein des peuples Indo-Européens), nous trouvons bizarre qu’un dieu masculin prenne sa place comme dieu du ciel diurne, surtout eut égard à l’aspect primordial de l’astre solaire. Ce dieu fait donc doublon avec Diwī́ en tant que reine des cieux, avec Werunos en tant que patriarche et dieu de l’Espace et de l’Univers, et avec Pérqūnos en tant que conquérant ; de plus nous ne voudrions pas donner la possibilité à des chrétiens d’y voir leur dieu. C’est un choix radical mais qui ne signifie en rien que nous renions les études Indo-Européennes majoritaires : nous pensons en terme d’archétypes et de praticité, non d’histoire seulement puisque nous ne sommes pas des reconstructivistes.
De même, nous suivons là-encore les thèses de Haudry (in Le feu dans la tradition indo-européenne) qui font du dieu PIE *Péh₂usōn un dieu lunaire ; en effet, Pan et Pushan sont reliés notamment par Alwyn et Brinley Rees dans Celtic Heritage à Cú Roí Mac Dáire que Jouët (cf Dictionnaire de la mythologie et de la religion celtiques) assimile à un Dieu lunaire. Les cornes du dieu pastoral et chasseur sont ainsi probablement un symbole du croissant de lune (cf Hermann Güntert in Der arische Weltkönig und Heiland), de même que l’arc, originellement symbole du croissant lunaire. Amsus devient alors le parfait parèdre de Diwī́ : les fonctions lunaire masculine et solaire féminine étant de parfaites images de la troisième et de la première fonction dumézilienne.
Les dieux, au cours du temps, se sont vu dédoubler, disparaître, changer de sexe ou de caractère. Prenons l’exemple de l’eau : si cet élément est majoritairement considéré comme un concept féminin par les chercheurs, la divinité des Eaux a beaucoup varié. Il s’agit tantôt d’un homme prenant un nom (Neptune chez les Grecs signifiant « petit-fils des eaux ») qui était rattaché au dieu du feu (l’Agni védique porte ce titre, probablement parce que le soleil semble naître des eaux le matin), tantôt d’une multitude de déesses des rivières, mers, océans… Il nous a donc semblé correct de considérer qu’il faille avoir une Déesse de l’eau, et parèdre du dieu du Feu (concept indo-européen largement masculin).
Ce qui demeure ainsi dans les dieux au travers des âges c’est l’universalité des principes qui les sous-tendent, et la simplicité des archétypes qu’ils représentent.
Il convient ici de faire un rapide rappel : ces dieux peuvent être considérés comme des principes platoniciens, des modèles symboliques, etc. Leurs fonctions et rôles peuvent donc être interprétés de multiples façons, les mythes passant de récits exemplaires quant aux fonctions dans la cité, à des allégories métaphysiques complexes. C’est ainsi que certains philosophes interprétaient, par delà les mythes, les dieux comme des entités non-anthropomorphiques qu’on ne peut pas se représenter, ce qu’ils ne considéraient pas comme en opposition avec les mythes.
Nous allons citer ici les noms en Indo-Européen moderne : chacun peut, selon la langue qu’il utilise, nommer les dieux comme il l’entend, les noms des dieux d’un peuple étaient issus de la langue de ce dernier. On peut donc les nommer selon les mots ou noms (tant linguistiquement qu’au niveau mythologique) qui ont un sens dans notre langue usuelle. Ainsi peut-on appeler la déesse Ausōs, Aurore en Français, ou Easter en Anglais, Aušra en Lituanien etc ; Werunos pourra être appelé Óðinn en Islandais, Wotan en Allemand, Lugh en Irlandais etc.
1) L’Unaire et l’Être Primordial
En premier lieu, il y a l‘Être Primordial ; il s’agit de l’être qui s’est sacrifié pour donner naissance au monde dans les mythes :
- De ses yeux furent fait les astres flamboyants
- De son crâne et de ses os, la voute céleste et les montagnes
- De sa peau et de ses poils, la terre et les végétaux
- Des flots de son sang, les eaux, les océans, mers et rivières.
On peut citer le Puruṣa indien, le Protogonos grec (cf Phanes) voire le Búri germain comme équivalents de ce Dieu. Dans certaines versions il s’agit d’un couple de jumeaux (en P.I.E. *Manu « homme » tuant *Yemo « jumeau », devenant le premier des morts et le dieu de ces derniers) ou d’un géant qui est terrassé par trois hommes. Nous avons choisi la version de l’autosacrifice d’une entité hermaphrodite (dont la gémellité n’est qu’une image), défendue notamment par Ramchandra Narayan Dandekar et Martin Litchfield West puisque cette dernière représente l’état d’unité incompréhensible de l’univers à son début, ou de l’homme au sein de la matrice.
Le mythe évoque le mystère de l’unité qui, par le processus permanent du chaos, tend à la multiplicité.
On a tendance à projeter sur l’Unité plusieurs visions :
- Nous pouvons assimiler l’unité à l’harmonie, en ayant une vision idéalisée, paradisiaque et divine de l’unaire.
- A l’inverse peut-on aussi avoir une vision négative où l’unité est le chaos, une cacophonie terrifiante où il n’y a ni haut ni bas mais où l’on tombe dans toutes les directions comme on le voit illustré dans le début des Métamorphoses d’Ovide.
- Enfin peut-on le confondre avec un abîme, un genre de néant, un non-être puisque l’être suppose des caractéristiques : l’unité empêche la spécificité.
Dieu ignore quelle chose il est, car il n’est pas quelque chose.
Jean Scot Erigène – Periphyseon II, 589 B
En fin de compte il nous est impossible de réellement percevoir une unité de toutes choses sans anthropomorphiser ce principe, étant nous-même des êtres ne connaissant que la dualité externe/interne, soi/autre, homme/femme etc. Sans binarité, il n’y a nulle conscience, car il n’y a nulle discrimination (qui peut-être vue comme la fonction de base de l’esprit humain) : l’unité est cet inconnu d’où l’on provient et où l’on retourne. L’expérience utérine est symboliquement une progressive évolution de l’unité à l’existence propre et la mort est, de même, le retour par l’extinction des fonctions vitales à un état non-différencié puis au néant. La vision de « Dieu » que Pascal évoque dans ses Pensées (et qu’on retrouve avant lui chez Mlle de Gournay, Rabelais, Jean Gerson, Vincent de Beauvais etc.), nous semble parfaitement correspondre au mystère de l’Unaire : « c’est une sphère infinie dont le centre est partout et la circonférence nulle part ».
Si pour les polythéistes strictes cette entité n’a pas une place prépondérante, pour les monothéistes il représente l’entité primordiale dont les dieux sont des hypostases ou modalités ; dans une pensée d’inspiration platonicienne, par exemple, l’Unité est beaucoup étudiée et développée. En tous les cas, l’Être primordial est souvent interprété comme un Deus otiosus, un dieu absent. Il est inaccessible, irreprésentable, inconcevable ; On a vis à vis de lui une démarche aniconique, puisqu’on considère que chacun des dieux représentent un aspect de l’Être Universel.
(Notre Brahman) est au ciel comme en enfer, dans la vertu comme dans le vice, dans le désir comme dans sa destruction, dans le bien comme dans le mal, dans la création comme dans la dissolution. Il est le même partout : dans la conscience, dans l’inconscience, et dans le jeu varié des deux.
Tantratattva I, 293-294
Il est ce qui cause l’esclavage, et ce qui, à son tour, donne la libération.
2) Le Binaire et le couple primordial
Ensuite est formé le couple primordial de Werunos et Sponā́, qui est façonné par les flots du déluge à partir de deux morceaux d’un tronc d’arbre ; alors éclate la guerre primordiale où le panthéon des Déesses (solaires et lumineuses) combat le panthéon des Ases masculins (lunaires et chtoniens).
La dualité est le lieu de la rencontre et de l’opposition, de l’amour et du duel. C’est ce que nous vivons : distinguer une représentation d’une autre est le principe même de notre esprit. Comme tout le reste dans cet univers, la dualité n’est ni bonne ni mauvaise en soi ; le sacrifice et le scindement en deux de l’Être Primordial provoque la venue de ces deux divinités qui sont les prototypes des deux pôles de la dualité : l’homme et la femme, l’extérieur et l’intérieur, l’objet et le sujet, la personne et l’individu, etc. L’union amoureuse et sexuelle est ainsi symboliquement le retour à l’unité de l’Être Primordial.
1 – Sponā́

« filleuse/destinée »
On peut l’appeler l’Ancienne, la Tisserande, la Mère-de-tous etc.
Mais aussi en tant que déesse triple : Les Trois Fées (venant de Fatum, « destinée »).
On peut la rattacher par exemple aux Moires grecques, aux Parques latines (et par extension à Fortuna, Ananké etc.), aux Nornes scandinaves (ou à Frigg), à la Lakshmi védique, et à la Laima lituanienne. On peut aussi la mettre en parallèle de la Baba Yaga slave.
Ses symboles sont les oiseaux tisserands mais aussi les chouettes (puisqu’elles voient dans le noir et représentent la Philosophie et la sagesse), les outils du tissage (rouet, quenouille, métier à tisser etc)…
Sponā́ est la déesse du Temps ; elle est représentée sous la forme de trois femmes (une jeune, une femme adulte et une vieille) ou d’une seule qui tisse le tissu des causes et conséquences. Elle est considérée comme une lieuse car elle fait et défait les destinées des hommes. C’est la première des femmes, et la Mère-de-tous ; rien ne peut la lier, et nul ne peut prévoir ses plans. Elle est l’archétype de la Folle Sagesse féminine, et de la Mystique en tant que dépassement de toute limitation.
2 – Werunos

« encercleur/qui lie par le serment »
On peut l’appeler l’Ancien, le Brun, le Père-de-tous, le Père-du-Serment, le Monarque des Terreurs…
On peut le rattacher au Varuna védique (au niveau de la fonction, non de l’étymologie), à l’Odin scandinave, au Lugh irlandais, à l’Ouranós grec (mais aussi à l’Appolon magicien primitif, ou à Hermès) voire au Rod slave.
Ses symboles sont les corbeaux (animaux intelligents, farceurs et charognards), l’ours (solitaire et voyageur, pouvant être sage et furieux), mais aussi les serpents (animal qui mue, qui s’insinue, et qui peut empoisonner ou guérir)…
Premier des Hommes et dieu de l’Espace, Werunos est un dieu voyageur, qui lie les hommes par les Serments, autour de son anneau : il utilise le fil tissé par son épouse pour lier les hommes. Il est réputé, comme Sponā́ être le plus grand des Mystiques ; ses voies sont impénétrables et on dit qu’on ne peut pas se fier à sa parole, d’autant qu’il change d’apparence pour parcourir les mondes. Archétype de la Folle Sagesse, il est terrifiant mais sage, et nul ne peut concevoir ses desseins car ils dépassent ceux de quiconque.
3) Le ternaire et les trois cieux
Sponā́ et Werunos lient les dieux et les ases : chacun des camps gagnera toujours sur l’autre, ayant chacun son empire sur l’un des cieux. Et entre chaque bataille, le ciel sera teinté du rouge du sang versé : le ciel diurne sera dirigé par la déesse Diwī́, le ciel nocturne par l’Ase Amsus, et l’Aurore (et le Crépuscule) par leur fille Ausōs.
Le ternaire est la rupture dans la staticité relative (soit duel entre deux forces égales, soit union symbiotique) de la dualité : il s’agit d’une image du temps et de la génération, et donc de la verticalité. Les deux parents donnent un enfant et chacun des trois membres représente l’un des trois moments de la temporalité : le Père représente le passé, la Fille le présent, la Mère le futur. Au sein du symbolisme indo-européen et selon l’interprétation d’Haudry, le ternaire est représenté par 3 couleurs qui correspondent aux trois cieux successifs : Le blanc et Diwī́ au jour, à l’intellect/aux idées et aux cieux élevés, et au futur. Le rouge et Ausōs, à l’aurore et au crépuscule, à la conscience et au renouveau, au présent. Le noir et Amsus, enfin, correspondent à la nuit, à la matérialité/terre, au passé.
On peut mettre cela en parallèle avec l’idée de tripartition de Dumézil : le noir représente les paysans et artisans, le rouge les guerriers et poètes, le blanc les élites (sacerdotales, royales et intellectuelles/scientifiques).
1 – Diwī́

lié à Dieux, Devas « Jour, brillante »
On peut l’appeler Soleil, Déa, Déesse-des-Déesses, Impératrice des cieux…
On peut la rattacher aux fonctions dirigeantes des Dieux comme le Zeus grec, le Jupiter Romain… Il faut sinon la relier aux déesses solaires comme la Héméra grecque ou la Dies latine (ou Dea Dia voire Bona Dea), la Sól scandinave, la Saulė balte, l’Arinna Hittite, voire l’Áine irlandaise (voire Étaín et peut-être Sulis), etc.
Ses symboles sont l’astre solaire, les régalias royaux et impériaux ; Mais aussi l’abeille (à cause de sa structure de monarchie gynocratique) et les félins (comme symbole du féminin, un animal avec du caractère, puissant mais sensuel etc).
Déesse-des-Déesse et Reine des Cieux, elle est liée à la Pensée, à la Vérité et à la Civilisation.
Elle peut être représentée blonde comme le soleil, aux yeux bleus comme le ciel. Monarque incontestée, elle est dite « à l’œil flamboyant » car le soleil est vu comme l’œil par lequel elle observe le monde.
2 – Ausōs

« Aurore »
On peut l’appeler Dame Aurore
On peut la rattacher à la Vénus latine (ou à Aurora voire à la Perséphone des grecs), à l’Ostara germanique (ou à l’Eostre des anglo-saxons), à la Brigit irlandaise, à l’Aušra lituanienne voire à la Prende albanaise…
Ses symboles sont l’Aurore et les fleurs (notamment la rose) et les jardins ; mais aussi le lapin qui sort de son terrier (symbolisant l’aurore qui est entre la nuit – le terrier- et le jour -le dehors) ou la poule et le coq (qui chante à l’aube). L’œuf, en tant que symbole de renouveau et de vie lui est aussi dédié.
Déesse du renouveau, de la jeunesse de l’Amour, de la jeunesse, Ausōs peut être représentée rousse (comme l’Aurore) aux yeux verts (comme la nature renouvelée). Elle est liée à la Parole, à la Beauté. Elle est réputée combattante et amante, poétesse et jardinière. Elle est liée au printemps et au renouveau de la Nature. Elle a deux frères, des jumeaux qu’on nomme les Eqonjōs (à mettre en parallèle des Dioscures grecs ou des Ašvieniai lituaniens) et dont le nom est lié aux chevaux ; ils protègent leur sœur de certains périls au sein des mythes. Elle est aussi la dépositrice des pommes d’or, qui donnent aux Dieux la jeunesse et la longévité.
3 – Amsus

lié à Ase/Asura « procréateur »
On peut l’appeler le Protecteur, le Grand-Veneur etc…
On peut le rattacher au Pan grec, au Cernunnos gaulois, à l’Yngvi Freyr scandinave, au Vélès slave, au Pushan védique…
Ses symboles sont la Lune et les animaux cornus (le bouc, l’auroch etc) car les cornes qu’il arbore représentent le croissant lunaire ; il peut aussi porter des bois (de cerf ou renne) pour représenter la germination. Il a un chien/loup apprivoisé, et un arc ou un fusil. On le relie à l’if car ce dernier est le dernier arbre vert en hiver et son fruit est toxique : il est entre la vie et la mort. Il a aussi pour symboles les champignons, les grenouilles ou crapauds (étant des animaux majoritairement nocturnes, aquatiques et terrestres etc.)…
Dieu de la Nature sauvage et de la chasse, il est aussi le dieu protecteur des troupeaux, des cultures et des bergers en transhumance. Epoux de Diwī́, il est le dirigeant de la chasse sauvage. Il est aussi le dieu de l’action et du concept de bon. On peut le représenter Ithyphallique, c’est à dire avec le sexe en érection, image de sa fonction de donneur de vie, mais aussi de la germination, les testicules représentant la graine et le phallus la plante qui pousse ; de la même manière peut-il être représenté brun comme la nuit avec des yeux gris comme la lune par exemple. Chef des Ases, il dirige avec son épouse le panthéon des dieux.
4) Le quaternaire et les quatre directions
Le quaternaire est un symbole européen classique ; il représente classiquement la matérialité, la terre et l’horizontalité ; il est souvent représenté par la boussole du voyageur, avec laquelle on se guide, tant lors des voyages qu’au cours de sa vie.
On peut associer chaque divinité à chacune des quatre vertus cardinales classiques, que nous avons modernisées, en les faisant correspondre aux quatre fonctions classique de la psyché. Ces dernières permettent de guider l’homme dans sa vie.
Chaque dieu est aussi associé à un horizons et aux éléments (et qu’on retrouve dans tous les peuples indo-européens) ; précisons ici qu’à la différence d’Empédocle et des présocratiques, les éléments ne sont pour nous que des Symboles, et non des constituants du Réel. Chaque élément est placé en face de son opposé, chose que l’on retrouve au sein des interprétations anciennes contenues dans la Rig-Veda (où Agni est dit petit fils des eaux) ou dans les récits celtes par exemple.
Le printemps est ainsi chaud et humide comme l’air, l’été chaud et sec comme le feu, l’automne froid et sec comme la terre, l’hiver froid et humide comme l’eau.
- Ecnis le dieu du feu et des sciences correspond au feu et au sud mais aussi à la Raison (liée à l’Intellect)
- Dānus est la déesse de l’eau et des découvertes et correspond à la vertu de Sérénité (liée à l’Affect)
- Pérqūnos le dieu de la guerre et de la foudre correspond à l’air et à l’est, mais aussi à la Volonté (liée à la Conation)
- et enfin Pl̥təwī la terre nourricière est la déesse de la maternité et de la production et correspond à l’Humilité (liée à la Sensation).
Après s’être alliés et organisés, les Déesses et les Ases décident de dominer les quatre mondes restants ; après avoir soumis les Elfes de l’Est, les Ettins de l’Ouest, les Dragons du Sud et les Nixes du Nord, ils fondent quatre royaumes, dont chacun est dirigé par une des quatre divinités.
Les élémentaires que nous citons ici sont une version synthétique des créatures classiquement trouvées dans les légendes et mythes européens.
1 – Ecnis

« feu »
On peut l’appeler Feu, Igné, le Trois-fois-grand…
On peut le lier au Heimdall scandinave (voire à Logi), à l’Héphaistos grec (et au Vulcain romain), à l’Agni védique, ou au Svarog slave…
Ses symboles sont le feu, les outils de la forge ou de science ; il a aussi pour symbole le dragon, les oiseaux de feu ou le bélier (son poil et ses cornes tourbillonnantes rappelant un brasier).
Dieu du feu, il est l’inventeur des régalias divins. Ses trois épouses sont les mères de chacune des trois classes de la société, qui peuvent représenter les 3 formes que prend l’eau (à l’image du feu) et donc Dānus. Il est l’inventeur du Feu du Foyer, du Feu de la foudre et du Feu solaire. Il représente donc la cognition et la raison. Il peut avoir par exemple les cheveux roux, et les yeux bleus comme l’eau. Il est boiteux et sa grand-mère est une déesse de l’eau (d’où son titre de « petit-fils des eaux » Apóm Nepōts).
2 – Dānus

« rivière/qui coule »
On peut l’appeler Aigue, Ondine…
On peut la lier aux divinités des eaux comme la Rán scandinave, la Thalassa grec, la Danu védique (voire la Danu irlandaise) la Anahita (ou la Ahurani) perse, la Tsovinar arménienne ou encore la Mokosh slave… On peut la mettre en parallèle des noms de rivières comme le Danube, le Don, le Dniepr etc. Les figures masculines comme le Neptune latin, ont la même fonction.
Ses symboles sont les poissons ou le poulpe, et les mammifères marins comme la baleine. Elle est aussi représentée avec un trident ou un harpon et un filet à bord d’un navire.
C’est la déesse des eaux, et donc des émotions et de la sérénité ; elle est la déesse des découvertes, des nouvelles terres et possibilités, de l’aventure… Elle est protectrice des marins, des pécheurs, des explorateurs qui font fi des limitations humaines. Elle peut être représentée avec les cheveux tellement noirs qu’ils ont des reflets bleutés et des yeux d’ambre.
3 – Pérqūnos

soit « seigneur des chênes » soit « le tonnant »
On peut l’appeler Chêne-d’or, Tonnerre…
On peut le lier au Mars romain, à l’Arès grec (voire à Heraclès), au Thor scandinave, au Perun slave, au Perkūnas lituanien, voire au Teutatès gaulois ou au Perëndi albanais.
Ses symboles sont la foudre, l’aigle en tant qu’animal qui règne sur les cieux nuageux et les oiseaux en général. Il est armé, et le chêne, arbre majestueux réputé attirer la foudre, est son arbre.
C’est le dieu de l’air et de l’orage ou de la foudre, mais aussi de la conation et de la volonté ; il est aussi le Dieu de la Guerre. Il requiert de ses disciples de tuer pour lui, au sein de batailles, les adeptes du Chaos. On peut le représenter par exemple avec des cheveux couleur sang et des yeux verts comme ceux d’Ausōs ; Il est l’époux d’Ausōs et de Pl̥təwī ; puisqu’il ensemence cette dernière, il est vu comme le dieu de la pluie qui fertilise la terre. On dit qu’il est un grand poète et que nul ne sait raconter aussi bien les sagas militaires que lui. Ses courroux sont terribles et légendaires.
4 – Pl̥təwī

« étendue »
On peut l’appeler Terre-Mère, nourricière…
On peut la lier à la Gaïa grec (ou Chthôn), à la Prithvi védique, à la Žemyna lituanienne, à la Mat Zemlya slave, ou à la Litavis gauloise…
Ses symboles sont les plantes qui donnent fruit, notamment la vigne, les arbres fruitiers… Elle a aussi pour animal fétiche la vache brune, et toutes les femelles mammifères nourricières.
C’est la déesse nourricière : elle symbolise la maternité. Elle est la matrone des Sensations et déesse de l’humilité. On peut la représenter par exemple avec des cheveux châtains, et des yeux rougeâtres comme les cheveux de son mari. On dit qu’elle est la protectrice des artisans, des parents, des paysans et des récoltes. Elle nourri et donne l’ivresse aux hommes.